Les portes de la nuit
qu'elles tremblent
qu'elles peinent
qu'elles défassent les chaînes
qu'elles pleurent
qu'elles saignent
que jamais elles n'aliènent
sales de la terre
qu'elles nourrissent, qu'elles désaltèrent
qu'elles palpitent, qu'elles tempèrent
qu'elles ne prennent
que la courbe du temps
qu'elles esquissent, qu'elles suggèrent
qu'elles hésitent, qu'elles espèrent
qu'elles se déforment
aux instruments
baignées de sueur
qu'elles saisissent, qu'elles enlacent
qu'elles gémissent, qu'elles effacent
qu'elles apaisent
qu'elles se serrent face à l'effroi
qu'elles n'aient pas peur des lois
que jamais elles ne pèsent
séchées par le vent
qu'elles ne frappent que la matière
que jamais elles n'altèrent
qu'elles effleurent
qu'elles éclairent
flammes
malgré les épreuves, malgré le profond
que jamais elles ne blessent
qu'aux heures légères elles se déploient
pour le frisson, pour la joie
et qu'elles ne connaissent
que le respect de la justesse
puisque je n'ai que mes mains